Sadat X

Sadat X célèbre ses 25 ans de carrière en sortant depuis quelques jours « Never Left ». Un album hip hop made in New York volontairement à contre courant. 

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 Un pionnier symbole d’une époque

Sadat X commence à se faire connaître en 1989. Avec Grand Puba et Lord Jamar ils sortent ,sous le nom de Brand Nubian, l’excellent « One for All ». C’est le début d’une aventure exceptionnelle de 25 ans entrecoupée de projets solos. Signé sur le label Elektra et sa maison mère Warner, le groupe sera souvent taxé de raciste.

Dans de nombreuses interviews Sadat X en explique la cause : « Il a fallu leur faire accepter qu’on était membres de la Five-Percent Nation, également appelée la Nation Of Gods And Earths, organisation qui affirme que l’homme Noir était le 1er à apparaître sur terre et que chaque homme est un dieu à part entière. A la fin des années 60 grâce à Clarence 13X, New York sombrait dans la drogue avec une hausse vertigineuse de la consommation d’héroïne. Il fallait tout d’abord qu’on s’adresse aux Noirs. »

Ensemble ils feront 6 albums. Le plus connu reste « In God We Trust » et le mythique titre « Punks Jump Up To Get Beat Down ». 

La carrière solo du new-yorkais est également très solide depuis la sortie de son premier album « Wild Cowboys » en 1996. Sortiront par la suite 7 opus qui vont ériger l’artiste au rang de pionnier du rap new-yorkais. Tant par sa musique que par les messages qu’il délivre.

Le milieu carcéral, la vies des gens qui l’entourent… comme il le dit lui même dans une interview pour Hip Hop International : « Mes textes sont directement inspirés des enseignements de la Five-Percent Nation. On s’intéresse à la vie et ça ne me branche pas d’aborder des choses qui ne sont pas vraies, qui n’existent pas. Les gens peuvent vérifier sur internet ce que j’avance. Le bon et le moins bon cohabitent chez moi comme dans mes textes. » 

Il sort depuis quelques jours son 8ème album solo « Never Left ». On décrypte.

 Le bijou « Never Left »

« Putain quel pied » ! Au risque de paraître un brin vulgaire chers lecteurs, voici l’émotion que j’ai ressenti après avoir écouté les 19 titres qui composent ce « Never Left ». Si Sadat X a 25 ans de carrière, son talent lui reste intacte.

Après deux ans de travail, en collaboration avec son vieil ami Fokis, l’américain propose ici, un album où le quantitatif ne se détache jamais d’une qualitatif. Ce projet est à ranger dans la catégorie « Adult Contemporary Hip Hop« . Pas de place pour les arrangements un peu surfaits, volontairement undergrounds, un peu élitistes. 

Cette amoureux du rap sait mieux que quiconque que la musique est un sujet sérieux. Proposer des sons mélodieux, rythmés est un credo, ne pas faire du commercial et perdre son identité en sont deux autres. Le rappeur parle à son public et veut intéresser ceux qui ne le connaissent pas ,uniquement, par le biais de ses sons et non pas à coup d’effets marketing. Il n’a jamais connu ça et surtout ses luttes et ses idées ne vont pas dans ce sens.

L’esprit old school ne veut pas non plus dire conservateur. Le renouvellement musical est quelque chose d’important pour le new-yorkais comme l’explique Fokis : « Même si il fait ça depuis 20 ans, il est toujours ouvert à d’autres propositions . C’est un ancien combattant avec la mentalité d’un jeune artiste. Il veut bien faire les choses. Les faire avec sincérité. » Preuve en est avec la liste des featurings.

En s’associant avec des artistes comme le prometteur Skyzoo ou Tony Mays ,qui a gagné la possibilité de contribuer à ce projet grâce à un concours en ligne organisé par Digital Corp, l’américain de 46 ans prouve qu’il veut donner une chance à la jeune génération. Une chance mais sous deux conditions : le respect des anciens et la deuxième celle d’avoir du talent.

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